Le forum sur la problématique du développement économique et sociale de la province du Sud-Kivu a été au centre de la Table ronde sur la paix et le développement de la province, qui se tient du 21 au 24 mars 2023.
"Toutes les forces vives du Sud-Kivu et des autres provinces sommes réunis pour réfléchir sur les défis de développement socioéconomique, sécuritaire et même de paix dans notre province, afin de dégager des pistes de solutions et des recommandations qui seront soumis à la plénière le jeudi et seront publiés à la déclaration finale lors de la clôture de la Table ronde sur la paix et le développement le vendredi prochain", a déclaré le coordonnateur de l'ONG Actions sociales et d'organisation paysanne, Félicien Zozo, le modérateur de ce forum.
Il a fait savoir que l'idée est de voir les causes des problèmes qui freinent le décollage de cette province, les défis, les enjeux, mais aussi les actions qui doivent être prises à tous les niveaux, local, provincial, que national pour un développement économique durable.
"Nous attendons de ce forum, des grandes résolutions et des engagements des acteurs sociaux pour le développement socioéconomique de notre province", a-t-il dit.
Parmi les questions abordées lors de ces échanges, il s'agit entre autres de celles liées aux infrastructures, à l'agriculture, aux services sociaux de base, à l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes, aux nouvelles technologies de l'information, ainsi qu'aux personnes de troisième âge.
Le coordonnateur provincial adjoint du Programme de désarmement, démobilisation et relèvement communautaire (P-DDRCS), Odifax Akilimali a fait savoir que le gouvernement provincial et national devrait mettre des moyens visant à financer les projets des jeunes entrepreneurs pour lutter contre le taux de chômage et la pauvreté dans cette province de la RDC.
" Le développement économique du Sud-Kivu doit être repensé car tout est par terre. Sur le plan économique, il n'y a pas des structures de circuit économique qui soient viables. Il n'y a pas d'emploi ni d'activités économiques porteuses, notamment pour les jeunes. Je demande donc aux autorités en place à mettre des moyens pour financer les jeunes entrepreneurs afin de lutter contre le chômage", a-t-il dit.
Le coordonnateur provincial adjoint du P-DDRCS a souligné que la province du Sud-Kivu est caractérisée par l'instabilité des institutions, avant d'inviter les autorités provinciales à se focaliser sur la gestion de cette entité pour son développement.
" Nous ne pouvons pas aspirer au développement si il n'y a pas restauration de l'autorité de l'État. Nous devons avoir la paix avant de penser aux actions de développement", a-t-il relevé.
Un autre forum a été organisé sur la problématique socioculturelle du Sud -Kivu.
Le modérateur de ce forum a fait savoir que leurs échanges ont tourné autour de la récolte des arts traditionnels et la valorisation des musées, de l'encodage des coutumes, de la promotion des artistes : musique, théâtre, danse, art visuel, de l'organisation des foires culturelles, des bibliothèques communautaires à Bukavu et dans les territoires, des centres culturels, et la problématique des sports et des loisirs.
"Les différents défis sont attachés à chacun de ces domaines relevés. Nous relevons tous les problèmes et on y dégage ceux qui sont cruciaux et peuvent trouver des solutions à travers des décisions ou des initiatives des politiques publiques, mais aussi les contributions des ONG et des opérateurs économiques", a-t-il dit lee Pr Philippe Kacanda de l'Université de Bukavu.
Quid de la problématique de la gouvernance des ressources naturelles et de l'environnement ?
La problématique sur la gouvernance des ressources naturelles et de l'environnement a été également debattue le mercredi à Bukavu, en marge de la Table ronde sur la paix et le développement de la province du Sud-Kivu.
"La thématique choisie pour ce forum porte espoir parce que le Sud-Kivu est une province à vocation minière et environnementale dont ses ressources ne permettent pas à la province de tirer le maximum des profils pour son développement", a indiqué le coordonnateur de la fondation Paix pour tous, Bienvenu Abeli, modérateur du forum.
Il a relevé quelques problèmes majeurs de gouvernance des ressources naturelles au Sud-Kivu, notamment l'application des textes sur l'arsenal juridique qui régit le secteur minier, l'entretien de la fraude et la contre bande minière qui relève de la faible mise en application des dispositions légales et réglementaires, le faible niveau de formalisation dans le processus de constitution et de coopération minière pour l'exploitation artisanale, le faible degré de mise en œuvre des mécanismes, principes et standards de traçabilité des minerais, ainsi que le faible degré de redistribution des dividendes de l'exploitation minière aux communautés locales.
"Au regard des défis relevés sur base des problèmes constatés sur terrain dans la gouvernance de ce secteur aujourd'hui, nous sommes convaincus qu'à la suite de cette table ronde, les solutions que nous allons proposer en termes de recommandations seront mises en application par les autorités pour l'amélioration de la gouvernance du secteur des ressources naturelles que de l'environnement au Sud-Kivu", a-t-il dit.
Le professeur émérite de l'ISP Bukavu, Boniface Kaningini , spécialiste en poissons du Lac Kivu a, quant à lui, relevé que la province du Sud-Kivu fait face à un plusieurs problèmes dans la gestion des ressources naturelles, notamment la gouvernance administrative.
"Nous avons un problème administratif, les dirigeants ne se préoccupe pas suffisamment de la problématique de gestion des ressources naturelles, alors que cette province est très riche en ressources naturelles", a-t-il ajouté, avant de souligner que ce coin du pays héberge plusieurs ressources forestières, parmi lesquelles, le parc de Kahuzi Biega, et la réserve naturelle d'Itombwe.
Ces rivières et lacs font l'objet de beaucoup de pollution par des exploitations minières des sociétés étrangères et l'utilisation des produits chimiques qui met de côté les populations locales. "Ce forum vient à point nommé pour que nous puissions réfléchir ensemble sur ce qui pourrait être fait pour changer cette situation", a renchéri ce chercheur ayant découvert les poissons "Sambaza", les plus consommés dans la province.
S'agissant de la problématique de la paix dans la région des grands lacs ,la problématique de la paix au Sud-Kivu face aux enjeux géostratégiques et diplomatiques dans la région.
"L'intérêt de cette discussion c'est de poser cette problématique de la paix et de la sécurité dans la région des grands lacs, particulièrement dans la province du Sud-Kivu qui est située à la frontière directe du Rwanda, du Burundi et de la Tanzanie, de l'Ouganda et du Kenya et qui vit dans l'instabilité, ainsi que dans la manipulation", a fait savoir le Professeur Jacques Ndjoli, député national et président de la commission défense et sécurité de l'Assemblée nationale.
Il a fait savoir que cette problématique de paix du grand lac est liée notamment à au mouvement des populations, des contestations des frontières, des manipulations, d'exploitation des ressources, de l'instabilité et de l'instabilisation du Congo à travers cette province.
"Nous sommes un pays de plusieurs tribus. Il ne faut pas que l'action du vivre ensemble dans le Sud-Kivu sert de point d'entrer pour la déstabilisation et le sous développement de cette province, partant de toute la région des grands lacs", a-t-il ajouté.
Concernant la gouvernance politico-admistrative du Sud-Kivu m un forum à Bukavu , les participants ont été édifiés par les intervenants.
" La gouvernance politique et administrative au Sud-Kivu évolue avec beaucoup de pesanteurs qui empêchent à la province de prendre de l'envol", a déclaré un opérateur politique de cette province, Typson Idumbo.
Il a ajouté que : " la déstabilisation des institutions politiques, le pouvoir accaparé par des autorités morales absents en province, le vieillissement de l'administration publique, la porosité des frontières, l'impraticabilité des routes, la faible implication des femmes et jeunes dans la gestion de la province, sont entre autres les defis que nous devons relever".
Pour Typson Idumbo, ces assises vont aboutir à des conclusions permettant d'améliorer la gouvernance politique et administrative de la province.
L'écrivain Gervais Ciralirwa, modérateur de ce forum a, pour sa part, expliqué que les problèmes de la gouvernance politique et administrative repérés par les membres du forum seront complétés dans un document avant la formulation des recommandations aux autorités à différents niveaux afin de prendre des dispositions utiles.
La table ronde sur la paix, la sécurité et le développement du Sud-Kivu est organisée sous le haut patronage du Président de la République, avec la facilitation de la Maison civile du Chef de l'État en appui à la Ligue des jeunes pour la paix et le développement (LIPADE), et l'accompagnement technique du P-DDRCS.
GK