Le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa a animé ce vendredi 24 mars 2023 une conférence-débat à l'intention de la population venue des quatres coins de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. « Défis d'accès à la carte d'électeur au Nord-Kivu ; enjeux, conséquences et pistes de solution » tel était le thème de cette rencontre intervenue en plein processus d'identification et d'enrôlement des électeurs dans la province du Nord-Kivu qui fait partie de la troisième aire opérationnelle conformément au calendrier électoral publié par la CENI.
D'entrée de jeu, le député national Jean-Baptiste Kasekwa, élu de Goma a déploré ce qu'il qualifie de dérapages observés dans plusieurs centres d'enrôlement dans la province du Nord-Kivu. C'est notamment le retard avec lequel les agents de la commission électorale nationale indépendante s'illustrent ; le favoritisme et le monnayage non seulement de jetons, mais aussi de carte d'électeur.
Pour lui, la commission électorale nationale indépendante CENI, devrait prolonger le délai d'enrôlement afin de permettre à toute la population de cette partie du pays qui fait face à une insécurité sans précédent ; d'avoirs sa carte d'électeur.Il craint par ailleurs, à la baisse de nombre des sièges des territoires du Nord-Kivu suite à ce processus qui devient un casse-tête pour la population et dans un contexte d'insécurité grandissante. Il en a énuméré plusieurs conséquences que découleraient du déroulement « épineux » des opérations d'identification et d'enrôlement des électeurs dans la région.
« L'accès difficile à la carte d'électeur risque de diminuer le nombre des votants. Ils savent qu'ils n'ont pas répondu au besoin de la population de l'Est pour le retour de la paix, et voilà, ils veulent diminuer le nombre des votants. Les écrits sur la carte disparaissent petit à petit, combien des personnes arriveront à la période des élections avec leurs cartes lisibles ? » a dit Jean-Baptiste Kasekwa.
Piste des solutions pour sauver la région du chaos électoral
L'élu de Goma a devant la foule venue l'écouter ; appelé à une mobilisation générale du peuple congolais en général, celui de l'Est en particulier, dans le souci de pousser la CENI à revoir sa décision portant proclamation du calendrier en tenant compte du nombre des jours et équivalent à la capacité des kits affectés à la ville de Goma qui à l'en croire, a été la ville la plus opprimée suivie de Butembo et du territoire de Nyiragongo.
Jean-Baptiste Kasekwa, proche de Martin Fayulu, a appelé la centrale électorale à saisir l'Assemblée nationale pour la convocation d'une session extraordinaire qui pourra être tenue au mois de juillet afin de tabler sur la répartition des sièges, et cela, après la clôture du processus d'enrôlement sur toute l'étendue du territoire national.
Pour lui, il est opportun que la CENI renforce en équipement, ses centres de la troisième aire opérationnelle pour accélérer l'enrôlement des électeurs.
« Même si la CENI nous dit que les machines utilisées dans les deux aires précédent la notre, sont codifiées ; nous savons qu'elles n'ont pas été codifiées à partir de l'usine, mais plutôt à partir de l'équipe de la CENI. C'est-à-dire, il y a possibilité de réinitialiser lesdites machines et les envoyées dans les centres d'enrôlement dans la troisième aire opérationnelle. Je propose aussi à la CENI de toujours remettre de duplicata à toute personne qui aura sa carte d'électeur dont les écrits ne seront plus visibles » a-t-il ajouté.
Persistance de l'insécurité dans la partie Orientale du pays
Profitant de l'occasion, l'élu de Goma a demandé à la population de se mobiliser dans le souci d'exiger au gouvernement congolais d'éviter la complaisance dans la gestion de la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie Est de la RDC.
Pour lui, la non prise charge correctement des militaires des FARDC par le gouvernement congolais ; la confusion dans la chaîne de commandement des opérations et le détournement des fonds alloués aux opérations dans la région, justifient la complaisance avec laquelle le gouvernement gère la crise sécuritaire dans cette partie du territoire national.
« Vous êtes témoin qu'en 2013, le général Bauma était le seul général à Goma, mais actuellement avec plus de 10 généraux, la situation ne change pas. Nous saluons d'abord l'engagement de nos vaillants militaires malgré tout. Dès l'instauration de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Itère, le ministre de la Défense nous avait dit que 74 millions de dollars. Mais dans son rapport, il a dit que 68 % ont été détournés à Kinshasa avant d'atteindre les deux provinces » a conclu Jean-Baptiste Kasekwa, élu de Goma.Interrogé par notre reporter dans la ville de Goma, un des participants à cette conférence débat et qui a gardé l'anonymat, a félicité le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa qui à l'en croire, a tenu à partager les expériences relatives au processus d'enrôlement en cours au pays.
Il en a appelé à l'intensification des telles rencontres afin que la population et leurs représentants au niveau national, parlent un même langage dans le cadre du changement positif des affaires.
C'est depuis le 16 février dernier que la Commission Électorale Nationale Indépendant, avait en dépit de la situation sécuritaire, lancé les opérations d'identification et d'enrôlement des électeurs dans la troisième aire opérationnelle dont fait partie la province du Nord-Kivu. Deux jours avant l'expiration du mois accordée à ce processus, la CENI a prolongé pour 15 jours, l'enrôlement des électeurs dans la région. Cependant, plusieurs couches politiques que sociales jugent ce délai d'insuffisant vu les défis auxquels font face les populations de la partie Orientale de la République démocratique du Congo.
Elias Aungama à Goma