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RDC : face à la situation sécuritaire au Nord-Kivu, le député Rémy Mukweso soutient qu'il ne peut pas y avoir des vacances parlementaires

Suite à la situation sécuritaire qui prévaut sur presque toute l’étendue de la province du Nord-Kivu, plus particulièrement dans le territoire de Rutshuru où des rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise selon plusieurs sources, ont occupé depuis le matin de ce lundi 13 juin 2022, la localité de Bunagana ; le député national Rémy Mumbere Mukweso estime qu’il est opportun que les députés nationaux n’aillent pas en vacances parlementaires, mais plutôt rester en activité afin de suivre de l’évolution de la situation dans la région.

Pour l’élu de la ville commerciale de Butembo au Nord-Kivu, l’Assemblée nationale ne doit pas également céder ses prérogatives au gouvernement et surtout qu’en cette période pendant laquelle la situation sécuritaire se détériore davantage dans les deux provinces concernées par la mesure exceptionnelle de l’état de siège décrété par le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi dans le souci de rétablir la sécurité dans ce coin de la République démocratique du Congo.

Au cours d’une interview accordée à nos confrères d’Actualité.cd ce lundi, Rémy Mumbere Mukweso a fait savoir qu’il s’oppose à la démarche de l’exécutif national qui tient à légiférer sur certaines matières pendant les vacances parlementaires avant l’ouverture de la session de septembre prochain.

« Pour moi, cette loi d’habilitation n’a pas de place parce que d’abord prorogation ou pas, c’est le pouvoir qui revient aux députés à l’Assemblée nationale. Donc on ne peut pas nous arracher ce pouvoir-là et donner ce pouvoir au gouvernement. Aujourd’hui, Bunagana est entre les mains de l’ennemi, on ne peut pas aller en vacance parlementaire alors que ça brûle dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Nous devons rester ici en train de suivre de près la situation. Maintenant, imaginez si la situation devient incontrôlable alors qu’on sera en vacance parlementaire qu’est-ce-qu’on prendrait comme décision ? C’est pourquoi nous disons que cette loi (habilitation, ndlr), dans cette situation actuelle, n’a pas sa raison d’être votée. Nous, députés nationaux de l’Ituri et du Nord-Kivu, sommes en train de sensibiliser d’autres députés pour rejeter en tout cas catégoriquement cette loi », a-t-il fait savoir à nos confrères d’ACTUALITE.CD.

Par ailleurs, ce représentant du peuple, a dénoncé le fait que le chef de l’État n’a pas jusqu’à ces jours, concrétisé sa promesse celle d’organiser une table ronde sur l’avenir de l’état de siège qui, d’après plusieurs sources civiles des provinces concernées, a prouvé ses limites dans le cadre de rétablissement de la sécurité.

« Une autre chose, c’est que vous savez, il y a pratiquement un mois et demi qu’on s’était rencontré avec le président de la République. Il nous avait promis qu’en-tout-cas avant la fin de la session, on saura l’avenir de l’état de siège, si on trouve que c’est une stratégie qui a échoué, bien sûr elle a échoué, on la lève et on passe à une autre stratégie. Il fallait passer par une table ronde, ce qui n’a pas été fait, mais aujourd’hui, on vient, on nous présente la loi d’habilitation et aujourd’hui, nous saluons la solidarité des députés qui ont montré une attitude faisant état de ne pas voter cette loi, c’est pourquoi vous voyez aujourd’hui nous rentrons sans qu’il n’ait plénière, on avait huit clos, on a juste parlé de la situation sécuritaire, mais d’autres points qui étaient à l’ordre du jour n’ont pas été débattus », a-t-il ajouté.

Notons que la cité frontalière de Bunagana dans le territoire de Rutshuru est sous contrôle des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda depuis les heures matinales de ce lundi 13 juin 2022.

Confirmant cette occupation, les forces armées de la République démocratique du Congo invitent la population du Nord-Kivu en général, celle du territoire de Rutshuru en particulier, au calme, au renforcement de sa vigilance et à la dénonciation de tout mouvement suspect afin d’en finir une fois pour toute.

Dans son communiqué signé par le général Sylvain Ekenge, porte parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, l’armée loyaliste souligne que le Rwanda a décidé de violer l’intégrité des frontières de la République démocratique du Congo en occupant la cité frontalière de Bunagana. Cependant, elle fait savoir que toutes les dispositions nécessaires sont mises en place afin de remettre la situation au calme et reprendre le contrôle de la cité de Bunagana.

Elias Aungama depuis Goma